Talk'n'Soul, le rendez-vous avec la musique de l'âme

Talk'n'Soul, le rendez-vous avec la musique de l'âme

Marvin Gaye



Icône de la musique contemporaine, Marvin Gaye est devenu un mythe, il l’était déjà de  son vivant.

Assassiné par son révérend de père, Marvin Gaye nous lègue un héritage musical  inestimable et incontestable.

Mais comment définir ce prince en quelques mots, enfant maltraité par son père, artiste torturé, accro aux femmes, aux grosses cylindrées  et à la cocaïne, gros joueur, souvent endetté, et il est  pourchassé par le fisc qui lui prélève l’essentiel de royalties que génèrent ces disques.

Dépressif chronique, il se raccroche à ses créations, mais la motivation et l’excitation de ses débuts n’y sont plus. Déçu par ses amours et le showbiz,il s’exile en Belgique.

 

 

True, true, loving un titre signé Norman Withfield un des producteurs de Motown, un titre de juin 63.

 

Mavin Gaye, né le 2 avril 1939 à Washington,  forge d’abord  sa voix dans la paroisse de son père pasteur.

A 15 ans, il rejoint le groupe de Doo Wop, The Rainbows qu’il quitte pour un autre groupe The Marquees.

Il se fait ensuite remarqué par un certain Hervé Fuca, qui s'associe à Motown basé à Détroit. Fuca embarque avec lui  Marvin Gaye à l’usine Motortown de Berry Gordy, et le fait signer pour l’une de ses filiales Tamla, et ce à l’insu de l’artiste.

Profondément choqué il réalise qu’il n’est autre qu’un produit, une marchandise comme une autre qu’on vend et rachète selon le bon vouloir des patrons.

Berry Gordy embauche en 1960 Marvin Gaye comme musicien de studio, il accompagnera  à la batterie Stevie Wonder dans fingertips.


 

Fingertips  le premier titre de little stevie avec Marvin Gaye à la batterie.

C’est donc comme musicien que Marvin Gaye rejoint Motown début 60. Berry Gordy le met ensuite à l’essai, et en fonction de sa voix il décide de le classer bizarrement dans la catégorie de chanteur de rock. Pourtant Marvin  gaye idolâtrait à cette époque des crooner tels que Franck Sinatra, et Nat King Cole, dont le répertoire musical était très éloigné du style rock and roll imposé par Gordy.

Une fois étiqueté « chanteur de rock », marvin Gaye monte  sur scène, il est obligé de montrer un coté agressif d’un rockeur, un tempérament qui n’était pas vraiment le sien.


 

Marvin Gaye a dû se battre pour montrer à ses producteurs son coté crooner, et à partir de là, et comme il sait si bien le faire, Berry Gordy, le change de catégories, et le place dans la case chanteur de charme.

C’est ainsi que Marvin Gaye se retrouve en tant que crooner dans une série de  duos avec plusieurs chanteuses du label, Mary Wells, Kim Weston et enfin Tammi Terrel.

 



 

 Ain't  No Mountain High Enough sorti en 67, une dure  époque pour Marvin Gaye, qui ne supporte plus son rôle de pion dans l’échiquier de Berry gordy.

 Artiste sensible et torturé par les fantômes du passé, il donne l’impression d’être un homme heureux, mais en vérité il était en pleine dépression.

Son mariage avec Anna Gordy son aînée de 17 ans est un véritable fiasco. Leurs disputes violentes n’arrangeant en rien son moral, et pour couronner le tout, le fisc, le poursuit pour arriérés d’impôt.

La maladie inexplicable de Tammi Terrel considérée comme son âme sœur, et sa chute sur scène, en plein concert mine encore plus Marvin Gaye qui décide en 67 de s’enfermer chez lui et  tente de se suicider. Sans l’intervention du père de Berry Gordy, il serait passé à l’acte, et c’est à cette époque qu’il enregistre

« Yesterday »des Beatles.

 


 

Marvin gay et yestarday, reprise de Beatles en 67, et c’est l’année où il s’enferme dans le studio de Detroit pour enregistrer titre sur titre, tous écrits  et composés pour lui, par les maîtres penseurs de Motown. Et c’est à cette époque aussi que Marvin Gaye aspire à plus d’indépendance et rêve de produire son propre album.

Mais c’est Norman Withfield qui lui fait enregistrer « I Heard It Through The Grapevine» un titre rejeté par Gordy. Withfield faillit perdre son poste et prendre la porte, pour avoir trop insister pour sortir de ce titre sur le marché.

Berry Gordy décide enfin de le sortir mais comme extrait du 33 tours « Inthe Groove"  de Mrvin Gaye et c’est  I Heard It Through The Grapevine qui fut choisi par les stations de radios qui le passent en boucle.  Grapvine sorti en octobre 68 en 45 tours reste plusieurs semaines à la première place des Hits pop et Rythm&blues.

 



I Heard It Through The Grapevine le tube de marvin gaye de l’année 68, et malgré le succès Marvin Gaye est dépressif et malheureux. D’abord ce titre ne lui rappelle que de mauvais souvenirs, liés aux séances d’enregistrement. Norman Withfield, l’oblige à forcer sur sa voix et  à chanter  toujours plus haut. Selon les dires des musiciens présents aux séances d’enregistrement, les deux hommes, Gaye et Withfield étaient à deux doigts de se battre.

Marvin Gaye faisaitt partie de ces artistes, qui refusaient d’être  simples pions dans le grand échiquier du showbiz, à qui on impose le style et l’air sans brancher. Il rêvait aussi du jour où il passerait du statut de simple chanteur au statut de compositeur et de producteur de ses propres albums. Il savait aussi que s’il restait chez Motown où s’imposer devant un Berry Gordy encore plus têtu et inflexible relève du parcours de combattant.

Et c’est avec Norman Withfield qu’il enregistre  en 68 Abraham, martin and John, un titre en mémoire d’Abraham Lincoln, John Fitzgerald  Kennedy et Martin Luther King, tous trois assassinés pour avoir défendu la paix. Un premier titre engagé de la maison Motown et une première prise de conscience pour Marvin GAYE.

 


 

Le 16 mars 1970, Tammi Terrel la partenaire musicale de Marvin Gaye est enfin délivrée de ses souffrances. Une tumeur au cerveau, l’emporte à tout jamais, Tammi Terrel, enfant du showbiz ancienne maîtresse de James Brown, qui la battait souvent, trop souvent à la tête.

Son décès plonge Marvin Gaye dans une profonde tristesse, il refusera depuis  de monter sur scène.

Mais c’est à la demande de son entourage qu’il finit par rompre cette longue abstinence scénique, de 2 ans, pour donner le 1er mai 72 un concert mémorable au John Fitzgerald Kennedy Center de Washington, au profit d’une organisation caritative, un concert dont on écoutera un extrait plus tard.

La retraite de Marvin Gaye, lui sera bénéfique, moralement et musicalement aussi, c’est à ce moment que Obie Benson des For tops, va le voir pour lui proposer une chanson, qui chamboulera à tout jamais le destin de marvin Gaye.

 


 

Obie Benson raconte, qu’il a été témoin d’un violent affrontement entre police et une bande de jeunes hippies aux cheveux longs, des jeunes pacifiques, brutalisés sans raison apparente par la police, il s’est alors posé la question, pourquoi , que se passe-t-il ? et une question entraîne une autre, Pourquoi envoie-on nos enfants se battre si loin de nous ? Pourquoi attaquent-ils leurs enfants dans les rues ? Cette scène de violence l’a inspiré pour écrire une chanson qui relate les faits sans être contestataire.

Cette chanson, a été au départ proposée à Joan Baez, mais a fini par atterrir sur le bureau de Marvin Gaye, à l’époque en plein questionnement sur lui, sa vie, la disparition de son amie Tammi Terrel, et c’est sa femme Anna qui l’encourage à enregistrer cette chanson.

 


 

Marvin Gaye s’approprie la chanson, la rend plus visuelle, rajoute des détails qui font plus Ghettos. Le frère cadet de marvin gaye, Frankie, qui a passé 3 années au Vietnam et qui était hanté par les horreurs qu’il a vécu là bas, et rentrant aux états unis il n’eut droit qu’au mépris et au chômage, il encourage alors son frère aîné à relater les faits en chanson, il lui raconte les bains de sangs, les enfants viet qui mangeaient dans les poubelles, des récits qui ont profondément perturbé l’artiste, mais what's going on, lui permet de canaliser son chagrin après la disparition de Tammi Terrel, les épreuves traversées par son frère et il décide de coucher ses émotions et de les graver à tout jamais sur une bande sonore, une démarche qui terrorise Berry Gordy, qui tente de stopper  l’artiste dans son élan et lui demande pourquoi se lancer dans des chansons engagées, tel que la guerre du Vietnam, la violence policière la faim dans me monde alors que Marvin Gaye est en ce début des années 70 l’artiste le plus adulé c’est  le sexe symbol!

 


 

Le sexe symbol change aussi de look, se laisse pousser la barbe, et troque sa tenue de dandy pour celle de monsieur tout le monde. Le but de la manœuvre est tout simplement d’effacer son passé de chanteur imposteur, c’est ainsi qu’il se qualifiait, un éscroc, c’est ainsi qu’il se considérait.

Marvin décide de créer une œuvre qui ne ressemble en rien au son motown. Pour cela il retient une partie des Funk Brothers, les musiciens de la firme,  les chœurs sont assurés par une bande de copains, dont deux membres de l’équipe de foot de détroit, qui devaient simplement parler et  donner l’impression de fumer, et d’ailleurs en parlant de fumée, selon les musiciens il y en avait tellement au studio, qu’ils avaient du mal à voir leurs instruments.

 


 

What’s going on, est une pure merveille selon les dires des musiciens et ingénieur du son de la firme motown, un avis que ne partage pas Berry Gordy.

« c’est la pire chose que j’aie entendue de ma vie » déclare Gordy, qui pendant des mois reste de marbre et refuse de sortir l’album sur le marché. Marvin Gaye lui lance alors un ultimatum, il n’enregistrera plus rien pour motown si gordy persiste dans son entêtement et sa stupidité.

Tous les producteurs de la firme,  partagent  l’avis du patron, et seul Stevie Wonder, trouve que  Wahts going on est "sensationnel".

Pendant ce temps, Marvin décide  de changer d’orientation et de se faire footballeur professionnel. La firme sort alors best of sur best of de son artiste fétiche jusqu’à épuisement du stock, et aucune nouveauté de Marvin qui campe sur ses positions et refuse de mettre pieds au studio.

Le bras de fer due presque un  an quand on décide à l’insu de  Berry Gordy de sortir le single What’s Going On en janvier 71.

Le premier jour de sa sortie cent milles copies du single sont commandées. Deux cents milles le deuxième jour, ce qui calma la colère de berry gordy.

 

 

What’s going on se classe très vite en première place des hits, mais c’est juste un single sans album. La firme supplie alors Marvin Gaye de produire le reste, gordy lui donne un mois pour enregistrer tout un album. 

Pendant sa grève du studio, Marvin Gaye, a écrit quelques trucs,  quelques fragments de chansons, quelques idées sans plus. Et malgré le succès du single, beaucoup de musiciens au studio de hHtsville, étaient sceptiques quant aux chances de l’album, on pensait même que Marvin allait finir par enregistrer des "hymnes nationaux…"

Et parmi les employés de Motown un certain James Nyx, un liftier âgé, qu’on retrouve en photo sur la pochette de l’album, what’s going on, alors ce james Nyx, qui n’avait aucune oreille musicale, proposait ses paroles de chansons aux artistes mais personne ne le prenait au sérieux, sauf Marvin, qui lui donne sa chance, en  s’inspirant  de faits divers, de la vie dans les ghettos, des impôts qui augmentent , et ça a donné le magnifique titre Inner City Blues.

 


 

L’album mixé en mai 71, est remis très rapidement au service control de la firme Motown, il fallait ensuite penser à la pochette. Pour la première fois, un artiste de Motown est photographié  entrain de faire son jogging, se faire coiffer, ou bien jouer au basket, mais la photo la plus réussie, est celle de Marvin Gaye, sous la neige, le regard plein de questions fixant l’horizon à l’infini.

Dans cet album, Marvin a tout mis. On prétend qu’il s’agit de l’album le plus chaste de la carrière de cet artiste. C’est le premier album où l’on a retranscrit les paroles des chansons entièrement dictées par téléphone par marvin à une secrétaire qui raconte qu’après avoir raccroché, elle pensait ne plus retrouver l’usage de son bras tellement il était engourdi. C’est aussi la première fois qu’on voit les noms des Funk Brothers, des ingénieurs du son, de tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet album, une première chez Motown, et c’est aussi la première fois que les radios le passent en entier et en une seule fois, sans l’arrêter.

 


 

Une suite à what’s goig on, dans let’sget it on sorti en 73, Marvin Gaye reprend avec le romantisme et la sensualité.

Mais pour lui le méssage reste identique à celui de what’s going on, la condition humaine est abordée dans les deux albums, et la découverte  de l’amour aussi.  Selon marvin, il se peut je le cite que cette découverte se fasse à travers le sexe, qui apporte la proximité et le dialogue, à condition qu’il y ait le respect de l’autre.

Il est souhaitable d’aimer la personne à qui on fait l’amour, poursuit –il, aimer une personne que pour le sexe peut etre dangereux et conduit à des confusions.

 

Et de conclure que beaucoup de violence, de tueries, de morts pourraient être évitées si la confusion entre amour et sexe était dissipée.


 

EN 76  marvin gaye sort l’album "I Want You", un album où il semble être le politicien du sexe. Il s’adresse aux femmes, dira Marvin Gaye, sa voix à peine audible, nous chuchote I want you, et afther the danse, une invitation à plus d’intimité, et à plus de détente.

 



 

Quant à la pochette du disque, une peinture réalisée par un certain Ernie Barnes, cette fresque représente un des lieux rustres dans lequel Marvin se représentait dans les années soixante. On y voit un chanteur au micro qui est sensé être Marvin Gaye, une piste de danse et un public essentiellement noir. Par cette peinture,M.G semble nous désigner d’où il vient. Un aspect de la culture noire y est représenté.

Marvin Gaye, malgré ses succès n’a pas su économiser le moindre sou. Selon ses dires c’était un homme d’affaires raté. Le showbiz est un milieu dans lequel il se sentait très mal. En 76, et lors d’une interview qu’il a accordée à un confrère de la presse écrite, il a déclaré, qu’être un artiste, c'est-à-dire se montrer vulnérable et devoir constamment veiller à se préserver des coups bas, c’est dur. Très dur, j’espère que les artiste pourront diffuse leur musique sans passer par les maisons de disques. J’espère le jour où un nouveau média redonnera aux artistes leur liberté.

C’était en 76, et Marvin Gaye visionnaire, ignorait à ce moment là que le média dont il parlait s’appellerait Internet.

 

  

 

 

 

 

 



01/04/2015
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