Ray Charles "The Genius"
La nouvelle, je l’ai apprise tard dans la nuit en allumant une chaîne de radio nationale qui diffuse continuellement de l’info, et au lieu des infos habituelles, on diffusait le soir du 11 juin 2004 des chansons de Ray Charles. J’ai tout de suite pensé à une grève , puis une voix annonce brutalement : Ray Charles est mort !
Encore un, qui s’en va.
Ma première rencontre avec ce génie du R&B, rencontre non pas physique, je n’ai pas eu cette chance malheureusement, cette rencontre c’était avec une pochette de disque, jaune, un petit 45 tours qui traînait dans la chambre de mon oncle, très fan. Je devais avoir 2 ou 3 ans. Ce qui m’a frappé sur cette pochette jaune, c’est le visage d’un homme noir, au sourire éclatant, à la barbe bleue, et ses lunettes noires, et on m’expliqua alors qu’il était aveugle, et qu’il n’avait pas la chance de voir. Compatissante comme on peut l’être à cet age, j’ai décidé de l’aimer……
On ne peut faire une émission sur le rythme and bleus sans parler du parcours ou du destin hors du commun de Ray Charles Robinson, né en 1930 dans une famille très pauvre en Georgie. Il est élevé par sa mère.
Après avoir assisté impuissant à la noyade de son jeune frère George dans une grande lessiveuse, il sera atteint d’un glaucome traumatique qui lui fera perdre la vue à l’age de 7 ans. Il dira plus tard que c’est l’un de ses derniers souvenirs visuels , une image tragique qui ne l’a jamais quitté. Il sera placé dans un établissement pour enfants aveugles et sourds. Triste début de vie pour un enfant et Ray, avouera plus tard, je cite : j’avais le choix entre me procurer une cane et une sébile pour m’installer au coin d’une rue ou bien prendre mon courage à deux mains et tout faire pour devenir musicien »
Il étudie la musique et la composition dans une école pour non-voyants de Floride, apprenant à lire et écrire les notes en braille. Il se familiarise avec divers instruments, dont la trompette, la clarinette, le saxophone et le piano. "Apprendre à lire en braille et jouer d'oreille m'a aidé à développer une sacrée mémoire", racontait-il. "Je peux m'asseoir à mon bureau et écrire une orchestration complète dans ma tête sans jamais toucher le piano".
Influencés d’abord par Chopin , Art Tatum, et Sibelius, Il brassera par la suite gospel, jazz, blues, rythm and blues, country et soul, imprimant à chaque fois sa marque, de sa voix rauque et chaleureuse, avec des titres comme "What'd I Say", "Hit the Road Jack", "I Got a Woman", "It's Allright", "Lonely Avenue", adaptés dans le monde entier.
Mais synthétiser 73 ans de vie, un parcours aussi extraordinaire que celui de RAY CHARLES, en quelques minutes, m’a semblé comme une mission impossible. Qui peut parler aussi bien de Ray que Ray lui même ! Faute d’éléments sonores, j’ai décidé pour combler cette lacune, de lire pour vous quelques paragraphes de son autobiographie, le livre, « le bleus dans la peau», que je vous invite à découvrir.
Je suis né avec la musique en moi. C'est la seule explication que je connais", disait Ray Charles, "La musique était une part de moi. Comme mon sang. C'était déjà une force en moi quand je suis arrivé sur la scène. C'était une nécessité pour moi, comme la nourriture ou l'eau".
Ses premiers succès ont un parfum de scandale, notamment le torride I've Got a Woman en 1954, qui choque les puritains et ravit les opprimés. Ces derniers trouvent en Ray Charles, une forme de rébellion contre le système, les injustices, et le racisme. En dans les années cinquante notamment dans le sud des états unis il n’était pas bon d’être noir, célèbre ou pas, artiste ou simple ouvrier étaient logés à la même enseigne ! le public de Ray la subissait à chacune de ses représentation . Par rapport à cette ségrégation ray Charles dira : « Mon problème c’était ne pas pouvoir quitter la communauté noire, n’utiliser que les locaux prévus pour les noirs, ne pouvoir aller que dans les toilettes du fond, devoir passer par la porte de service dans un restaurant nickel, rien à foutre. C’est ton restaurant, c’est toi qui décides ! mais si je joue de la musique pour toi, tu ne peux pas dire aux gens de mon peuple de s’assoire au fond de la salle. Je ne l’accepterai pas. J’ai été poursuivi en justice plusieurs fois à cause de ça. Ce sont les gens de ma couleur qui m’ont fait, et je ne peux pas laisser passer le fait qu’ils ne peuvent s’asseoir où ils veulent. »
Cette chanson des années 30, devenue depuis l'hymne de l'état de Géorgie aux Etats-Unis, trottait depuis un moment dans la tête de Ray Charles. C'est son chauffeur qui, l'ayant entendu lui chanter sa version, le convainquit de l'enregistrer.
Ray Charles sombrera dans la drogue. Un calvaire qui durera 20 ans. Et durant des années, son existence sulfureuse le conduit de défaites en divorces, de conquêtes en échecs, et le prendra au piège de l'héroïne. « Ce n’est la faute de personne dira-t-il je me suis fait ça tout seul, ce n’est pas la faute à ma cécité, de ma négritude ni de ma pauvreté. Ce n’est venu que de moi. »Après son arrestation à Boston en 1964 en possession d'héroïne, le musicien s'engage à suivre une cure de désintoxication et se débarrasse enfin de la drogue en quelques mois. Il entamera plus aisément les interminables tournées, interviews et séances d'enregistrement
Sa voix chaude est inimitable. Son succès auprès des jeunes et des femmes est gigantesque. Le petit enfant pauvre et aveugle d'Albany a pris sa revanche. Il conquiert ensuite l'Europe et chante pour la première fois à Paris en octobre 1961, où sa prestation fédère la jeunesse, la profession et les amateurs de musique soul.
« Je ne cherchais rien, je ne me dirigeais vers rien. Tout ce que je voulais, c’était de jouer de la musique, de la bonne musique. Je me foutais de savoir si elle appartenait à un style ou à un autre. Je savais qu’une chose : quand j’aimais une musique, je le ressentais. Et comment pouvez vous expliquer une sensation ?
le 22 mai 2003 , Ray Charles fête à Los Angeles son 10.000 eme concert. Sa notoriété est permanente et sans faille. Personne ne parvient jamais à égaler cet artiste hors-norme. Les plus grands artistes noirs, de Stevie Wonder à Quincy Jones, reconnaissent en lui The Genius et se rassemblent pour lui rendre hommage.
En 58 ans de carrière, Ray Charles a reçu 13 Grammys (la plus prestigieuse récompense pour la musique aux Etats Unis).
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